ACTUALITÉS

21 septembre 2021

Le Canon Français, une affaire qui marche au pas de charge !

Pierre-Alexandre Mortemard de Boisse, Géraud du Fayet de La Tour, Victor de Moulins : ces patronymes, ajoutés à une passion sincère du vin, suffisent à expliquer d’où vient Le Canon Français, l’entreprise que les trois amis ont fondé en 2020 avec un quatrième compagnon, Joseph Paitier.
L’idée a germé au cours du premier confinement : « Au départ, nous nous sommes demandés comment aider les vignerons qui n’arrivaient pas à vendre leur vin. Comme nous en connaissions un dans le muscadet, on lui a acheté l’équivalent d’une cuve avec nos proches. Puis, en octobre dernier, on a eu l’idée de monter cette société, en y associant la patrimoine, car nous sommes très attachés à la pierre, aux monuments historiques. »
Voilà comment Le Canon Français propose, en s’appuyant sur le système de plateforme collaborative, des « cuvées-patrimoines » dont la vente aide le vigneron autant qu’elle participe à la restauration du monument, les deux étant sélectionnés par la petite troupe amicale.
La quatrième cuvée spéciale « La Lavandière », un rosé IGP Pays d’Oc signé Marc Cabrol, marche ainsi avec l’abbaye Saint-Félix de Montceau située sur le massif de la Gardiole. Avant elle, c’est la cuvée « Pierres de Taille », un Brouilly de David Duthel, qui était en binôme avec la seigneurie de Jarnioux, les deux dans le Beaujolais. Et avant, c’était « Quenouille », un muscadet de Philippe Guérin, avec le Fort Vauban du Petit Bé  à Saint-Malo. La toute première « cuvée-cause » étant « Gargouille » du Bordelais François Dubernard, associée au Fort de la Pointe de Diamant, dans la Haute-Marne. Vendues à des prix très accessibles (52,56 € le carton de 6 bouteilles de « Lavandière »), stimulées par une présence active sur les réseaux sociaux, les quelques milliers de bouteilles sont toutes épuisées.

15 septembre 2021

Alexis Leconte, vigneron en bio et biodynamie à Troissy-Bouquigny, en Champagne.

« Nous sommes à la veille des vendanges et je sais que j’ai déjà perdu cette année 70 % de ma récolte. Comme partout ailleurs, le gel a frappé durement la vallée de la Marne. Mais en faisant le tour des vignes quelques jours après, il restait encore pas mal de contrebourgeons donc j’étais encore optimiste. Sauf que ces bourgeons n’étaient pas fructifères donc première grosse perte de raisins ! Après, la pluie et les orages ont fait le reste. Rien que le 4 juin, il est tombé 340 mm de pluie sur le vignoble ! Des grosses pluies sont tombées aussi le 14 juillet. Avec un temps pareil, le mildiou a fait beaucoup de dégâts malgré tous les traitements, 19 entre début juin et mi-août ! Autant dire que la récolte sera petite en quantité. Certes, nous avons la chance par rapport aux autres vignobles de pouvoir utiliser nos vins de réserve des autres années pour élaborer nos cuvées non millésimées. C’est  bien parce que cela permet de compenser nos pertes en raisins tout en limitant la casse côté ventes. Mais personnellement, je ne souhaite pas trop puiser dans cette réserve pour garder le plus possible les proportions d’assemblage des cépages dans mes vins. Sinon, je risque de perdre la signature de mes cuvées. Mais ce choix est difficile. »

9 septembre 2021

Le vin français (re)part à l’international

Les années se suivent et ne se ressemblent pas, heureusement. Les chiffres de l’export pour le premier semestre 2021 sont éloquents avec 7,3 millions d’hectolitres pour 5,2 milliards d’euros.
+ 15 % en volume et + 40 % en valeur par rapport au premier semestre 2020.
+ 15 % en volume et + 9 % en valeur par rapport au premier semestre 2019.

Le marché clé des États-Unis connaît la plus forte embellie, avec une demande de champagnes qui a bondi également de 48 % en volume les 4 premiers mois de 2021. Le rosé, couleur en plein boom avec les vins tranquilles, signe aussi la réussite des vins effervescents avec une croissance de + 66 %. Notons au passage que le champagne reste un vin de célébration avec des ventes de + 70 % à Washington le samedi qui a suivi la victoire de Joe Biden (source AFP).
Ces chiffres s’expliquent par l’incidence sur les ventes de la suppression des taxes Trump, par la réouverture progressive du secteur de la restauration et de l’hôtellerie et par l’amplification de la vente en ligne sur des plateformes « pure player » comme AmazonWine, de la grande distribution comme Walmart ou indépendantes comme Whole Foods.
Mais le marché qui crée la surprise est celui de la Corée du Sud. Si elle se place au 16e rang des destinations à l’export, elle affiche + 146 % en volume et + 113 % en valeur par rapport à 2020 et + 112 % en volume et + 122 % en valeur par rapport à 2019. Considéré jusque-là comme un produit de luxe réservé à une élite, la perception du vin a changé avec l’accord de libre-échange entre la Corée du Sud et l’UE et la consommation développée à domicile.

Sources Business France – Août 2021 d’après les données des douanes.

7 septembre 2021

Et pourquoi pas ?

De nouvelles boissons peu alcoolisées sont très prisées par un jeune public adeptes de nouvelles sensations et d’une consommation plus responsable. Déjà bousculé par le marché de la bière artisanale et du vin nature, le vin semble retrouver un souffle d’innovation étouffé dans l’oeuf en 2006. Il serait temps. 

Plume & Petal est une nouvelle marque lancée récemment par le groupe de spiritueux Bacardi-Martini. De quoi s’agit-il ? D’eaux pétillantes premium faiblement alcoolisées (4%), à base d’arômes naturels et de levures, sans gluten, ni colorant ni édulcorant artificiel (63 calories pour 250 ml) ; aux parfums citron/citron vert et framboise/citron vert. Plume&Petal se boit très frais à la canette – son contenant – ou dans un verre en y ajoutant des fruits frais de votre choix. Plume&Petal se range dans une nouvelle catégorie de boissons nommées aussi « hard seltzers » car alcoolisées et finement gazeuses. Nées aux États-Unis il y a presqu’une décénnie, ces eaux véganes et urbaines ont le vent en poupe en France où l’offre va crescendo, au point de grignoter de plus en plus de parts de marché aux bières – presque 10% – segment qui lui-même empiète de plus en plus sur celui des vins. Selon le baromètre 2021 Sowine / Dynata, ces boissons peu alcoolisées attirent 40 % des 18-25 ans mais aussi 46 % des connaisseurs en vin. Les hommes les consomment à 41 % pour le goût et les femmes à 45 % pour la santé.
Canette pour le contenant, branchée pour la consommation et solo pour le buveur : une martingale gagnante qui pourrait l’être aussi pour le vin ? Il faut croire que oui puisque des domaines comme le Château des Moriers en Beaujolais ou des entreprises comme La Robe du Vin, Producta Vignobles ou Winestar  se sont lancés récemment dans la canette de vin, se présentant comme des pionniers…
C’est oublier qu’en 2006, trois jeunes femmes qui avaient envie de « fabriquer » un « vin de nana » facile et fruité, à boire assise ou debout, à l’apéro ou avant de se coucher – bref, un vin branché pour des jeunes consommatrices lambdas plus rompues aux cocktails qu’aux vins de papa – avaient imaginé Lubie, une petite bouteille de 25 cl, en aluminium gris et vert, bouchée par une capsule, issue de sauvignon et de sémillon, en AOC Bordeaux. Lubie, franchement, c’était pas mal du tout si on considérait que le concept visé était un vin faiblement alcoolisé (11,5°) hyper parfumé, très citron vert et agrumes, avec un soupçon de sucrosité et d’amertume en finale. En oubliant pour une fois le sacro-saint « vin de terroir », on pouvait même imaginer Lubie bu comme un soda en lui ajouter une bonne dose d’eau gazeuse en été, avec une tranche de citron ou d’orange… Lubie, vendu 3,90 €, était une bonne idée ludique pour amener un public jeune à la porte du monde du vin… Mais Lubie a fait pschitt, incompris par une presse spécialisée trop occupée à déguster inlassablement les mêmes vins aux mêmes endroits ; bêtement attaqué aussi par de vieux blogueurs « puristes du vin » criant au scandale contre tout vin alternatif qui l’aurait sorti de sa tour d’ivoire… Alternatif, un mot entendu partout et pour tout aujourd’hui… On ne gagne que les batailles que l’on mène, celle pour garder intacte notre culture du vin pas mal écornée aurait pu commencer bien plus tôt. Consolons-nous ainsi : mieux vaut tard que jamais…

2 septembre 2021

Millésime 2021 : compliqué, complexe mais rien n’est joué !

Des dates de récoltes plus conformes à la norme sont paradoxalement la conséquence d’aléas climatiques qui ont jalonné le printemps et l’été. Très rares sont les vignobles qui ont pu passer entre le gel, les gouttes et le mildiou. D’où une faible quantité attendue qui ne préjuge en rien de la qualité finale.

Dans le Languedoc et le Roussillon, les premiers coupeurs étaient le 5 août à pied d’œuvre pour la récolte. En Provence, le lancement officiel était acté le 24 août. Dans le Bordelais, c’était le 25 août pour les raisins destinés au crémant, avant les vendanges des blancs qui devraient démarrer à partir du 6 septembre et celles des rouges le 15 pour les premiers châteaux, le gros des vendanges se déroulant ensuite à partir du 20 septembre. En Bourgogne et en Alsace, la récolte devrait démarrer aussi mi-septembre par les crémants, puis les blancs et les rouges. Mi-septembre également en Champagne.
Partout ou presque, on peut lire dans la presse qu’il s’agit d’une récolte avec un retour à la normale en terme de date. Mais cette « normalité »  est-elle à rattacher à un printemps et à un été qui, eux, ont montré un caractère plutôt atypique qu’attendu ? Pour Météo France, « le printemps a été marqué par une grande fraîcheur malgré un épisode de chaleur remarquable pour la saison fin mars-début avril. Le mois d’avril a notamment connu une succession de nuits très froides avec de fortes gelées occasionnant d’importants dégâts sur les cultures ». Juin, juillet et la première quinzaine d’août ont été des mois très arrosés exceptés en Roussillon, Provence et Corse où les pluies ont été en revanche déficitaires. Si la France a connu quelques jours de canicule cet été, ces derniers sont restés très localisés et de courte durée. Certes, le soleil a brillé mais moins généreusement que les années précédentes, avec des températures très supportables.
Au gel et au mildiou hyperactif suite aux nombreuses pluies, il faut ajouter des épisodes de grêle et des vents violents. Ces derniers, suite à des malversations et/ou des imprudences, ont décuplé les incendies dans le Var.
Au final, la plupart des vignobles ont vécu une annus horribilis qui pourrait se résumer par cette formule mathématique : plus égale moins. Plus de froid, plus d’eau, plus de gel, plus de maladie donnent moins de raisins, moins de rendements, moins de récolte. Partout en France, celle-ci sera inférieure à celle estimée par les instances officielles. La Champagne, encouragée par la reprise de ses exportations depuis le début de l’année, avait fixé un rendement à 10 000 kilos par hectare. Elle sera certainement loin du compte avec 20 à 25 % de perte de raisins conséquente au mildiou qui viennent se rajouter aux 30 % perdus avec le gel du printemps. Mais les vignerons de la Vallée de la Marne, plus durement touchée, pourront bénéficier d’une réserve de 7600 kilos par hectare, une exception du vignoble français qui porte bien son nom : ce stock de jus des années précédentes permet autant d’élaborer le champagne brut sans année que de répondre à un marché en croissance ou justement de pallier à une année déficitaire.
Et la qualité dans tout ça ? Bien sûr, il est trop tôt pour le dire et les déclarations dans la presse de certains vignerons annonçant déjà un millésime « certes petit en quantité mais grand en qualité » sonnent un peu trop comme des formules toutes faites mais faussement rassurantes.
Une chose est certaine : ce millésime compliqué aura exigé une viticulture ultra-précise et exigera une vinification tout aussi pointue. Il faudra faire la différence entre un savoir-faire technique de vigneron et une technologie œnologique de fabricant. Alors oui, le premier donnera certainement des grands vins et peut-être même des très grands vins mais la seconde ?

13 juillet 2021

BIENTÔT EN LIGNE, VIGNOBLES INFOS 57, ÉTÉ 2021 : MONOCULTURE AUJOURD’HUI, POLYCULTURE DEMAIN ?

Une viticulture obligée de rentrer dans le rang !
La « polyculture » ou faire du passé l’avenir
Dégustation : des vins sans passés mais pleins d’avenir

Cliquez ici pour accéder à la version en ligne ou pour être averti de la parution de chaque nouveau numéro de Vignobles infos.

8 juillet 2021

Poutine, président dans sa bulle !

Et voilà encore Vladimir Poutine dans le texte… d’une étiquette de champagne ! Mais là, il semblerait qu’il pousse le bouchon un peu trop loin.

Le « président » Poutine vient tout juste de signer une loi obligeant tout distributeur de marques de champagne à inscrire sur la contre-étiquette la mention « vin pétillant » réservant aux seuls producteurs russe de vins pétillants celle de « champanskoïe » ou « champagne » en russe.
Précisons que le nom latin « champagne » reste un droit exclusif d’utilisation par la Champagne mais que la mention qui pose problème est bien celle de « vin pétillant » qui, elle, sera en caractères cyrilliques, les seuls véritablement lus par la quasité totalité des Russes qui consomment ce « champanskoïe » très bas de gamme. De quoi créer un gros incident diplomatique entre la Russie, la France et l’Europe. La Champagne viticole, elle, essaie de se mettre en bon ordre de marche et demande aux entreprises de cesser toute exportation vers la Russie. Mais Moët-Hennessy, dont le marché représente 2 % des 13 % des champagnes importés de France chaque année, a déjà accepté de se plier au diktat russe et de modifier son étiquetage.
À l’origine, le « champanskoïe » a été créé à la fin des années 1930 à la demande de Staline qui voulait un « champagne soviétique » pour tous.
Dès la création de son AOC en 1936, la Champagne n’a cessé de s’organiser pour la protéger sur ce seul credo inscrit au fronton de la profession : « Il n’est Champagne que de la Champagne ». Depuis sa création en 1941, le Comité Champagne a ouvert pas moins de 16 bureaux installés dans les 16 premiers marchés à l’export. Chaque utilisation abusive, chaque contrefaçon sont traquées et combattues systématiquement par des actions judiciaires.
En 2005, le Comité a fondé la « Declaration to Protect Wine Place and Origin » avec 8 autres régions. Aujourd’hui, cette association compte 24 membres dont Bordeaux, Bourgogne/Chablis mais aussi Barossa, Chianti Classico, Jerez-Xérès-Sherry, Napa Valley, Oregon, Tokaj…
Quand on voit comment Poutine s’octroie à peu près toutes les libertés en les refusant toutes aux autres, quand on constate la frilosité internationale qui se contente la plupart du temps de réagir par quelques soubresauts diplomatiques, on se dit que la mention « champanskoïe » sur les bouteilles françaises a encore de beaux jours devant elle…
Mais toucher à l’un des symboles les plus visibles de « l’art de vivre à la française » sera peut-être la goutte de champagne de trop… Wait and see donc.

7 juillet 2021

« Y have a dream »…

Les jeunes désertent la filière viticole et ses responsabilités, comme ils désertent les élections. Des raisons, il y en a. Des solutions, certainement aussi.

Suite aux taux d’abstention records enregistrés lors des récentes élections régionales et départementales, avec notamment une participation des jeunes quasi inexistante, les responsables de la filière vin n’ont pas manqué de faire le rapprochement avec leurs propres institutions qui manqueraient cruellement d’une relève. Et ce, malgré toutes les initiatives mises en place pour les jeunes vignerons. Syndicats et interprofessions risquent de se retrouver avec une pénurie d’élus et de représentants.
Comme pour beaucoup d’autres secteurs, la rupture générationnelle apparaît de plus en plus aiguë. La viticulture est sans doute victime aussi de ce « ok boomer » qui dit beaucoup à la génération des parents sur la manière dont ils ont (mal) géré l’avenir de leurs enfants. Et ce qui vaut sur un plan privé – celui de la famille – vaut aussi sur un plan public – celui du politique – et professionnel – celui du métier.
Lourdeurs administratives, immobilisme institutionnel, responsables déconnectés de la réalité… : pour beaucoup, et pas seulement chez les jeunes, l’action socio-professionnelle est ailleurs parce qu’elle est beaucoup plus rapide et beaucoup plus efficace et souvent plus désintéressée… Des initiatives comme celles du cuisinier Thierry Marx avec Cuisine Mode d’Emploi et ses écoles de cuisine, de sommellerie ou de boulangerie ont trouvé leur public avec un taux d’emploi de 90 % des stagiaires et des métiers mieux adaptés à notre époque.
Parmi la nouvelle génération de viticulteurs, beaucoup ont compris les enjeux de demain, techniques, écologiques, numériques, commerciaux, sans passer par le prisme d’un discours politique et syndical qu’ils ne veulent plus entendre, sans parler même de le comprendre.
Ce « ok boomer », qu’on peut traduire élégamment par « d’accord, senior ! », alimente une culture certaine du clash générationnel, largement attisée par les réseaux sociaux. Mais rappelons qu’il a été lancé par une député écologique néo-zélandaise de 25 ans qui présentait au parlement une proposition de loi contre la crise climatique et qui s’est vu couper la parole par un parlementaire plus âgé qui refusait d’entendre ce qu’elle avait à dire. Tout un symbole qui dépasse largement les frontières de la Nouvelle-Zélande…
Les « éléphants » et autres  « ténors » de la filière viticole devraient peut-être lancer un « ok les jeunes » d’ouverture, d’écoute et de partage. Tout le monde serait gagnant gagnant.

1 juillet 2021

Cuvée troglodyte

Après le vin sous l’eau, le vin en l’air, voici le vin sous terre.
« L’expérientiel » gagne aussi le monde du vin.

Le 3 juin 2020, la famille de Ménibus, héritière du site touristique classé du gouffre de Padirac et la famille Baldès, propriétaire du domaine Clos Triguedina, l’une des propriétés phares de l’appellation Cahors, avaient conclu un accord à l’occasion des 130 années de la découverte du site par Edouard-Alfred Martel. 500 bouteilles et 24 magnums de la cuvée Probus 2016, élaborées spécialement pour cet anniversaire, étaient enfouies à 103 mètres sous terre. Les deux ambassadeurs du patrimoine culturel du Lot et de la Dordogne visaient une opération de communication et de promotion pour leur région bien sûr mais pour leurs entreprises aussi. Le fil rouge de l’opération était tout trouvé : les deux familles, entrepreneures et pionnières, étaient ancrées depuis des générations sur ce territoire, elles avaient depuis toujours le goût de l’exploration… Autour de l’événement, des manifestations s’étaient greffées : visite-dégustation du gouffre et de la cave, déjeuner préparé par le chef étoilé régional Claude-Emmanuel Robin, descente des flacons dans les profondeurs de la terre sous le haut parrainage de Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989. Les bouteilles resteront à une température naturelle constante de 13 degrés avec un taux d’humidité de 98 %. Un mobilier spécial avait été conçu pour les contenir et leur permettre un vieillissement exceptionnel dans des conditions considérées parfaites par les experts.
Le 25 juin dernier, une partie des bouteilles enterrées a été déconfinée. Quelques amateurs privilégiés et professionnels pourront les goûter sur place. Les autres seront mises en vente dans les boutiques du site et du domaine, au prix de 55 euros la bouteille.
Si l’intérêt œno-touristique de cette opération de communication n’échappe à personne, celui gustatif et sensoriel nous questionne. Entre les cuvées élevées à des milliers de mètres d’altitude, celles plongées à des dizaines de mètres de profondeur sous la mer et celles-ci cachées à 103 mètres dans les entrailles terrestres, les qualités des vins après leur « libération » semblent réelles selon les dégustateurs avertis mais à condition de les déguster rapidement et sans les changer de lieu. Pour le quidam en vacances d’été venu visiter la grotte de Padirac en famille et qui mettra sa bouteille souvenir dans le coffre de sa voiture jusqu’à son retour chez lui, c’est une toute autre histoire, un beau storytelling…

29 juin 2021

Boire du vin protégerait contre le Covid, tiens donc !

Des constituants du raisin et du vin perturberaient deux enzymes clés du coronavirus …

Cela remonte déjà fin d’année 2020 mais l’information n’est connue que récemment. Côté États-Unis, des chercheurs auraient montré in-vitro que les polyphénols présents à la fois dans le raisin et le vin pertuberaient la manière dont le virus Sars-Cov2 se réplique et se propage avec le Covid-19. Côté Asie, des médecins chercheurs taïwanais auraient, eux, observé que les tanins du vin inhibent deux enzymes majeures dans l’activité du virus. Apparemment, ces résultats encourageants auraient été également constatés expérimentalement en 2003 lors de la pandémie de SRAS. En attendant une application pharmaceutique de ces découvertes « médico-œnologiques », toujours pas trouvée, ces chercheurs conseillent de consommer des aliments et des boissons riches en tanins pour renforcer notre immunité : manger des bananes et des légumes et boire du thé et bien sûr du vin, l’histoire ne dit pas en quelle quantité… !
Dans les années 1990, la presse, surtout spécialisée, a fait ses choux gras avec le vin rouge et son fameux french paradox. Tout était parti d’une étude américaine sur des Français qui présentaient un taux de mortalité par maladies cardio-vasculaires plus faible que celui des Américains et ce, malgré leur régime alimentaire pourtant aussi riche en lipides. Il fallait donc boire, certes avec modération, mais boire. Sauf que, des années plus tard, d’autres chercheurs ont montré que toutes les études réalisées pour étayer le french paradox étaient biaisées par, entre autres, l’âge des participants étudiés, tous âgés de moins de 55 ans, et le fait que les abstinents l’étaient tous du fait… de problèmes de santé déjà avérés !
Une chose reste certaine : parmi les dizaines de rapports écrits sur la question des bienfaits ou des méfaits du vin, tout et son contraire a été écrit. Et surtout, disons-le franchement, dans le sens où les chercheurs devaient orienter leurs conclusions, pour le bon plaisir des promoteurs du vin ou pour celui des hygiénistes de tous poils… ce qui, évidemment, change tout.
Comme disait l’autre, « tout est dans l’opinion qu’on s’en fait par rapport à l’idée qu’on en a » !
Boire ou ne pas boire ? C’est un peu comme « être ou ne pas être ? » Shakespeare posait la question en 1603, on cherche encore la réponse…